A la lointaine époque où j'étais au lycée, je me souviens avoir été fascinée par la notion d'eidos, l'idée selon Platon, réinterprétée à la sauce de mon cerveau de 17 ans en cours de philo. J'ai un eidos pour plein de situation, des représentations de ce qui arrive, de choses qui se passeront sûrement de telle ou telle manière, puis finalement bifurquent sur autre chose.
La plupart des situations sociales qui sortent de l'ordinaire ont tendance à être codifiées implicitement de manière qui me mettent mal à l'aise. Les grandes annonces, par exemple (et encore, moins que les mariages). Je me réjouis sincèrement du bonheur des autres, et de la joie qu'ils peuvent avoir à l'annoncer, mais j'ai souvent l'impression d'un genre de flottement qui suit les traditionnelles félicitations (note pour moi-même : chercher l'origine du concept de "félicitation"). En tout cas, moi, je flotte.
Et vous savez quoi ?
Dans notre malheur, y'a quand même une chose qui me réjouit profondément. C'est qu'on ne cassera les pieds à personne avec des devinettes incluant du café Grand Mère ou des chaussons de layette. Qu'on échappera à la phase du "faudrait le dire aux gens", "ah non, faudrait attendre", "oui, mais trois mois", "blablabla".
Parce que bon. Quand la terre entière (au moins) sait que votre corps se fait maltraiter pour la cause procréative, l'effet de surprise en prend un coup si on prend l'air niais du "on a un truc à vous dire, huhuhu", et, pour ma part, ça ne me déplait pas d'échapper à tout ça.
La tradition peut bien aller crever : on vit à une époque où on sait qu'une grossesse commencée reste une chose fragile, cela pour toutes les femmes. Alors, fuck, sachez-le, j'ai appris ce matin que contrairement à ce dont j'étais persuadée, je suis enceinte de 9 jours d'un embryon qui en a 6 de plus.
Des bises à vous tous qui m'avez suivie, merci pour vos messages, attentions, et tous le reste !
Y'a quelques années que j'ai arrêté le poisson, mais je reviendrai peut-être en ces parages !